Dans la maison de notre amie Anne, les portes des pièces portent un nom écrit à la main, agrémenté d'un dessin. Parmi elles, il y a la «chambre des sales gosses» où se trouve un petit lit à étages. Et l'on se demande si la "sale gosse" n'est pas plutôt elle.
Lorsqu'elle parle de ses figures (oniriques), elle évoque un peuple sensible, vulnérable et courageux à la fois, fragile et solide comme la vie, cabossé et ironique. Tout est dit. Chacun(e) trouve, ou se trouve dans ses figures : de la famille, des relations, des amis, des proches, soi-même, des esprits chagrins, voire fâcheux ou sereins au contraire, avec des douleurs, des bonheurs, des humeurs, des états d'âme... On se laisse aller. Le talent, le recul, l'immédiateté de ses traits et toutes sortes de jeux nous y aident.
La figuration se fait plutôt rare dans l'art actuel, frappée par la tentative de sa destruction du siècle dernier. Chez Anne, on salue cette persistance à vouloir continuer de montrer des gens : des gens comme nous.
Tout fait l'affaire pour Anne : peintures, dessins, encres, monotypes, linogravures, gaufrages, sculptures, bidouillages ; main droite, main gauche, trait continu (comme de l'écriture automatique).
Avec elle, dans certains de ses travaux, on peux penser à "Vive la sociale" écrit sur la banderole du "Christ à Bruxelles" de James Ensor (et ce n'est pas une mince affaire !) ; ou à un expressionnisme plus proche de nous en temps et en lieu, comme "Le carnaval de Bâle" du lyonnais Fusaro...
Laissez-vous donc aller !
