Notre ami Jacques Vialettes est architecte, urbaniste (et pas des moindres dans chacun de ses registres). Depuis toujours, il dessine tout ce qui l'entoure, le repeint parfois. Nous voulons partager avec vous son monde coloré fait de coups de crayons, de craies grasses, de peintures ou autres pigments. Pour brouiller ses couleurs à la fois sereines et chatoyantes, son fils fusionne le monde des images avec un peu d'ordinateur...
Jacques Vialettes se définit cependant à sa façon : je suis un amateur. Un urbaniste qui fait de l’architecture, un architecte qui fait de la peinture, un jardinier qui fait de l’escalade, un touriste dans tous les registres, un dilettante.
Amateur, je ne fais pas œuvre. J’aménage mon environnement, je rassemble mes curiosités, je remets les choses à mon goût. Ainsi j’ai peint et repeint les papiers peints de la chambre, finissant les vieux fonds de pots d’acrylique ou de vernis, usant jusqu’au bois les bouts de crayons, recollant quelque esquisse pour boucher un trou quand une fuite du toit avait décollé le papier. Il faudra pourtant que je rénove la pièce. Alors je découpe des morceaux que je recolle sur des tableaux de bois. Je les appelle « Papiers repeints ». Touriste, je me balade. Pas besoin d’aller très loin, un tableau au mur, un livre d’image s’offre à la reproduction, à la réflexion, au montage et démontage, au recollage, à l’image par-dessus l’image. À partir d’une miniature dans la manière du Lorrain, voici « Séries romantiques ». Avec des affiches de propagande communiste, voici « Ma Chine agricole ». En vrai dilettante éclairé, je sais que j’échouerai à reproduire à l’identique. Alors, autant se mettre tout de suite dans les conditions de l’échec. En travaillant « En vitesse avec un gros crayon », je suis dans l’obligation de rester dans l’à peu près et de m’éloigner de mon modèle. Voilà par exemple, quelques Fragonard top chrono au crayon de menuisier et quelques personnages renaissance au crayon de vitrier sur papier glacé. J’aime les outils un peu rétifs. Ayant retrouvé une provision de plumes, matériel scolaire hérité de ma grand-mère, j’ai entrepris de faire de tous les objets de la maison un « Inventaire à la plume Sergent-major » C’est un travail interminable. Non seulement les objets se déplacent et varient, mais il faut bientôt reproduire aussi l’inventaire lui-même.
Clément Vialette
Clément Vialettes, fils ainé de Claire et de Jacques, a lui aussi entrepris semblable inventaire et semblable questionnement aléatoire de son environnement. Compétent en informatique et en électronique, il transforme de vieux ordinateurs en autant de machines à inventer des images. « Imaginator », nourri de milliers de photographies, en particulier issues des voyages de Clément, en choisit deux au hasard et les mélange à l’aide de filtres aléatoires eux aussi. La machine invente ainsi des vues nouvelles auxquelles le photographe tout seul n’aurait pas pensé. Le résultat est parfois purement esthétique, juste une image sans signification particulière ; il peut aussi être étonnamment proche d’un montage photographique délibéré. Remarquant qu'Imaginator excellait dans le mixage entre photographies et travaux graphiques, le père et le fils lui ont demandé de mélanger leurs travaux. La machine choisit au hasard d'un côté une peinture ou un dessin de Jacques, de l'autre, une photographie de Clément et vous emmène dans un monde d'images nouvelles...
Video (panorama d'une exposition de 2018 à Sainte-Croix-en-Jarez-42i)
